En RDC, ce
sont des commerçants qui font l’aviation. Cette assertion provient d’un
visiteur étranger qui a été scandalisé par le tarif passagers et fret aériens
en vigueur en RDC depuis quelques temps. Voyager par avion à l’intérieur du
pays est devenu un luxe pour les congolais moyens. Alors qu’il revient à
la somme de 680 dollars Us entre Kinshasa-Jobourg, 980 $US sur Bruxelles et
Paris. Ce qui étonne et scandalise plus d’un Congolais, c’est que les tarifs
entre les autres capitales africaines et certains pays de l’Europe Occidentale,
particulièrement la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, Lisbonne ne
dépassent pas la somme de mille dollars Us pendant la période normale.
Tout
récemment, le ministre de l’Economie a réuni les exploitants aériens pour parvenir
à des tarifs acceptables et répondant aux normes établies par l’IATA et
l’APAVE. Il semble que les violons sont encore loin de s’accorder du fait du
refus opposé par les compagnies aériennes privées de droit congolais qui se
cabrent derrière le prétexte de monopole pour maintenir ces tarifs scandaleux.
Qui fixe les prix en RDC ?
Qu’on le
veuille ou pas, c’est le ministère de l’Economie qui, en accord avec les
ministères des Transports, du Commerce et de l’Energie, qui est compétent pour
fixer les prix des produits et services dans tous les domaines de la vie
nationale et plus particulièrement dans le secteur des transports. Un secteur
si stratégique qui requiert des études approfondies pour protéger l’économie
congolaise et le pouvoir d’achat des usagers.
Pour le
secteur aérien, c’est l’IATA qui publie chaque année des manuels des tarifs
(Airline passenger tarif ou APT) sur lesquels se basent les exploitants aériens
à travers le monde. Bien entendu, chaque compagnie aérienne, au nom du
libéralisme économique, fixe ses propres tarifs en tenant compte de la
concurrence. La priorité est accordée à la maîtrise des coûts d’exploitation
doublée de la recherche des stratégies pour attirer le plus des clients
possible et du fret sur les différentes lignes. Détenir le monopole ne donne
pas le droit de fixer des tarifs scandaleux sans que les pouvoirs publics ne
lèvent le petit doigt.
La structure
des prix du carburant
Outre les taxes, redevances
aéronautiques relatives à l’atterrissage, au stationnement, aux routes, à la
météo, le carburant occupe une place prépondérante estimée entre 45 et 50
% dans les charges d’exploitation. Autrement dit, la fixation du coût du billet d’avion
et du fret doit tenir compte de l’évolution des différents éléments de la
structure des prix du carburant. Un travail qui est de la compétence des
experts des différents ministères, notamment les Transports, l’Energie, le
Commerce, l’Economie et les services de sécurité de l’Etat. D’autant plus que
le secteur aérien est d’une importance stratégique pour un pays aux dimensions
d’un continent.
Comment
peut-on laisser une compagnie aérienne fixer des tarifs exorbitants sous
prétexte de détenir le monopole dans un secteur aussi stratégique ? Etant donné
que le tarif des prix est fixé par les experts des différents ministères et que
ce faisant, l’Etat semble encourager ce qui est interdit par les principes
élémentaires de la loi économique à travers le monde, à savoir le système de
dumping pourtant prohibé dans des Etats développés de l’Occident pour protéger
le pouvoir d’achat des usagers et faciliter les échanges commerciaux dès lors
que les éléments de la structure des prix du carburant n’ont pas été revus à la
hausse tout comme les différentes taxes, redevances dues à l’Etat ainsi que d’autres
prestations.
Que dire des compagnies aériennes
étrangères de la trempe de Kenya Airways, Ethiopian Airways, SAA, Turkish
Arline, SN Brussels, Air France, etc… qui pratiquent des tarifs convenables
pour des trajets pourtant plus longs ? Le tarif d’un vol Kinshasa-Jobourg
par SAA revient à 680 dollars Us aller-retour pour un trajet de trois heures de
vol alors que la compagnie aérienne CAA qui se vante de détenir le monopole en
RDC réclame 1.280 dollars pour un vol de deux heures entre Kinshasa-Lubumbashi
ou Bukavu.
Ethiopian Airlines vend à 550 dollars Us le billet aller-retour Kinshasa-Bujumbura. Les passagers en partance pour Bukavu prennent ce vol qui dure quatre heures pour Addis Abeba où ils passent la nuit à la charge de ladite compagnie avant de reprendre le vol le lendemain vers Bujumbura où ils prendront un taxi jusqu’à Bukavu. Il en est de même pour ceux de Goma qui transiteront par Kigali.
Ethiopian Airlines vend à 550 dollars Us le billet aller-retour Kinshasa-Bujumbura. Les passagers en partance pour Bukavu prennent ce vol qui dure quatre heures pour Addis Abeba où ils passent la nuit à la charge de ladite compagnie avant de reprendre le vol le lendemain vers Bujumbura où ils prendront un taxi jusqu’à Bukavu. Il en est de même pour ceux de Goma qui transiteront par Kigali.
Le prétexte
du monopole est à prohiber si l’Etat veut protéger son économie et le pouvoir
d’achat de ses habitants. Il est inacceptable qu’une compagnie aérienne se
donne le luxe d’imposer des tarifs exorbitants dépassant ceux pratiqués par ses
concurrentes qui exploitent des trajets plus longs. Les mêmes pratiques se
vivent dans l’espace maritime. Le prix du transport maritime pour le fret entre
le port d’Anvers et celui de Boma revient à 1.250 Euros pour une voiture alors
qu’il coûte 600 Euros au port de Pointe-Noire au Congo-Brazzaville. Et
pourtant, la structure des prix du transport maritime repose sur les mêmes
éléments de calcul. A qui profite la situation ? Suivez mon regard.
Source :
Journal Le Phare
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