Le ministre de
l’Économie nationale, Modeste Bahati Lukwebo veut marquer son territoire. Au
cours d’une communication faite mardi 19 août, il a annoncé une baisse de 30 %
du prix actuel du billet d’avion sur le réseau domestique. Selon lui, ces prix
ont été fixés de commun accord entre les opérateurs aériens et les
consommateurs en tenant compte des intérêts des deux parties. Le tarif aérien
varie entre 280 et 128 dollars pour le billet minimum et entre 195 et 479
dollars pour le billet maximum. À cet effet, le prix du billet d’avion
Kinshasa-Bukavu est fixé à 280 dollars, Kinshasa- Kindu, 230 dollars, Kinshasa-
Kisangani, 240 dollars, Kinshasa-Mbuji-Mayi 187 dollars, Kinshasa-Lubumbashi,
260 dollars, Kinshasa-Goma, 260 dollars, Kinshasa-Gemena, 95 dollars et
Kinshasa-Mbandaka, 128 dollars.
Au ministère de
l’Économie nationale, on indique que ce compromis a été trouvé à l’issue de
laborieuses tractations avec les exploitants aériens, sous l’arbitrage de
Bahati Lukwebo. Ces rencontres ont duré des mois, les compagnies aériennes
refusant de se soumettre au « diktat » du gouvernement. Les violons étaient
loin de s’accorder, la RDC ne pouvant que se plier face à la situation de
monopole de fait des exploitants privés.
Depuis l’acquisition de
deux avions Airbus, Kinshasa avait une nouvelle pièce sur l’échiquier pour
donner le change. Le plan de vol de Congo Airways, dont le vol inaugural devait
intervenir courant août, prévoit un déploiement sur huit aéroports domestiques
puis quatorze, les trois années à venir, pour couvrir l’ensemble du territoire
national, un premier test avant de se lancer à la conquête du continent.
Voyager par avion à
l’intérieur du pays était devenu un luxe pour le Congolais moyen, au regard des
prix exorbitants affichés par les opérateurs du secteur. Pour se rendre au
Kasaï-Oriental, au centre du pays, un passager devait débourser 250 dollars
pour un billet aller simple. À ce prix déjà excessif, il faut ajoutet le « Go
Pass », une taxe initiée par le gouvernement pour la modernisation des
infrastructures (10 dollars sur les vols domestiques), la taxe statistique (5
dollars). Un kilo de bagage revenait à 3,5 dollars. Le trajet entre Kinshasa et
Lubumbashi était facturé 540 dollars, celui entre Kinshasa et Kisangani coûtait
530 dollars, en classe économique. En classe « Confort », on atteignait un pic
à 780 et 730 dollars. À titre de comparaison, il faut débourser 680 dollars
entre Kinshasa et Johannesburg ou encore 980 dollars pour Bruxelles et Paris.
Certains Congolais n’hésitaient pas à traverser le fleuve afin de bénéficier
des tarifs réduits en direction des autres capitales africaines et certains
pays d’Europe occidentale. Ces tarifs, particulièrement vers la France, la
Belgique, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal ne dépassent pas la somme de mille
dollars en période normale. Sur le terrain, des compagnies aériennes étrangères
à l’instar de Kenya Airways, Ethiopian Airways, SAA, Turkish Arlines, SN
Brussels, Air France… pratiquent des tarifs plus accessibles pour des
destinations pourtant plus éloignées. Le tarif d’un vol Kinshasa-Johannesburg
par SAA revient à 680 dollars (aller-retour) pour un trajet de trois heures.
CAA, une compagnie privée congolaise, réclamait, il n’y a pas encore si
longtemps jusqu’à 1 280 dollars pour un voyage entre Kinshasa et Lubumbashi ou
Bukavu (deux heures de vol).
Ethiopian Airlines
vendait à 550 dollars le billet aller-retour Kinshasa-Bujumbura. Les passagers
en partance pour Bukavu prenaient ce vol (quatre heures de temps) pour
Addis-Abeba, où ils passaient la nuit à la charge de ladite compagnie, avant de
reprendre leur route le lendemain vers Bujumbura. Là, ils se rendaient en taxi
à Bukavu. Il en est de même pour ceux de Goma, qui transitaient par Kigali, au
Rwanda. Les opérateurs du secteur se sont cachés derrière la multiplicité des
taxes et du coût du carburant pour justifier la hausse des prix.
Prix du carburant
Outre les taxes,
redevances aéronautiques relatives à l’atterrissage, au stationnement, aux
routes, à la météo, le carburant occupe en effet une place prépondérante dans
les coûts des sociétés aériennes. Ce coût oscille entre 45 et 50 % dans les
charges d’exploitation. La fixation du coût du billet d’avion et du fret tient
donc compte de l’évolution de différents éléments de la structure des prix du
carburant. Mais ce travail est de la compétence des experts des différents
ministères, notamment les Transports, l’Énergie, le Commerce, l’Économie et les
services de sécurité de l’État. Pour ôter tout argument, s’agissant du coût des
produits pétroliers, on annonce une baisse des prix des carburants terrestres
et d’aviation, respectivement pour les zones géographiques Ouest, Est et Sud. À
la pompe, ces prix sont maintenus pour la zone ouest et connaissent une
révision pour les zones Est et Sud. Pour la zone Ouest comprenant Kinshasa,
Kisangani, le Kongo-Central et l’Équateur, le prix de l’essence est fixé à 1
440 francs, 1 430 franc pour le gasoil et à 1 100 francs pour le pétrole. Dans
la zone Est comprenant les provinces du Katanga (Kalemie), du Nord-Kivu et du
Sud-Kivu, du Maniema et de l’Ituri, le prix est fixé à 1 340 francs pour
l’essence, 1 340 pour le gasoil, 1 250 pour le pétrole. Pour la zone Sud (les
provinces du Haut-Lomami et du Haut-Katanga), l’essence revient à 1 350 francs,
le gasoil à 1 340 et le pétrole à 1 250 francs.
Problématique de la fixation des prix
Qui fixe, en RDC, les
prix des billets d’avion et autres tarifs pour des services rendus par les
compagnies aériennes ? Selon la législation congolaise, c’est le ministère de
l’Économie qui, est en accord avec les ministères des Transports, du Commerce
et de l’ Énergie, compétent en la matière, particulièrement dans le secteur des
transports. Pour le secteur aérien, c’est l’IATA qui publie chaque année des
manuels des tarifs (Airline Passenger Tarif ou APT) sur lesquels se basent les exploitants
aériens à travers le monde. Bien entendu, chaque compagnie aérienne, au nom du
libéralisme économique, fixe ses propres tarifs en tenant compte de la
concurrence. La priorité est accordée à la maîtrise des coûts d’exploitation
doublée de la recherche des stratégies pour attirer le plus de clients possible
et du fret sur les différentes lignes. Les mêmes pratiques se vivent dans
l’espace maritime. Le prix du transport maritime pour le fret entre le port
d’Anvers et celui de Boma revient à 1 250 euros pour une voiture alors qu’il
coûte 600 euros au port de Pointe-Noire au Congo-Brazzaville.
Source: Journal Business et Finances
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